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Rétro : Ben Chico, John Pololo, Boby Solo, Grand Vegas… Ces gros bras qui ont régné à Abidjan

Les moins de 30 ans ont peut-être déjà entendu ces noms, lors de conversations passionnées entre les aînés du quartier. Gnawa Taureau, Ben Chico, John Pololo, Grand Vegas, Boby Solo, Alasco de Paris, Santana le Ché, Pythagore, Patron Madou… Des pseudos que l’on assimilait à la pègre abidjanaise. Le plus médiatisé de tous, sans doute, John Pololo, a été finalement abattu par la police criminelle (ex-PC Crise) dans des circonstances troubles.

Respectés, adulés ou craints, ces gros bras ont fait la pluie et le beau temps dans les années 80 à 90 en Côte d'Ivoire. Notamment dans les quartiers populaires d’Abidjan (d’Abobo à Yopougon en passant par Adjamé, Treichville ou Koumassi).

C’était aussi l’époque faste du Gnaman-Gnaman, concept artistique inspiré de ces Ziguéhi, Nouchi, avec leur dégaine, leur code vestimentaire, leurs faits et gestes particuliers. Des personnalités publiques ont eu parfois recours à ces gorilles, pour assurer leur sécurité privée. Le plus souvent, ils prenaient la défense des plus faibles dans leurs quartiers respectifs face aux agresseurs. Car, il arrivait aussi que des bagarres rangées opposent ces gangs en vertu de la loi du plus fort, afin d’imposer le respect.

C’est à la fin des années 90, avec l’arrivée des mutins (junte militaire) au pouvoir que le règne de ces loubards prend fin, au prix d’une traque sans merci. En cause, leurs pratiques décriées et assimilées à du gangstérisme. Des multiples cas de viol, séquestration, agression et assassinat ou autres crimes leurs sont imputés. Outre John Pololo, Alsco de Paris est abattu devant la mairie de Yopougon. Santana le Ché est neutralisé à son domicile d’Abobo-Banco. Pythagore (surnommé l’homme au regard métallique) et bien d’autres subissent le même sort. Un véritable nettoyage.

Les temps ont changé, des vies aussi…

Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Si certains de ces hommes ont disparu de la circulation, d’autres ont rangé leur vie. Ils sont même devenus des modèles pour la société. Boby Solo serait aujourd'hui imam, à la tête d’une mosquée à Abobo-Derrière rails. Quant à Guy-Vincent Kodja (autrefois Power, ex-chanteur avec le groupe de Rap R.A.S.), il est l’actuel pasteur-fondateur des Églises Meg-Vie qui comprend des cellules dans plusieurs villes de Côte d'Ivoire.

Selon les remarques d’un observateur de la vie civile, le comportement de ces jeunes de l’époque aurait pu servir de base de recherches pour les psychologues, criminologues et autres spécialistes en Sciences humaines. «Les conclusions et les recommandations nous auraient évité le phénomène des “Microbes” aujourd’hui, peut-être ! (...) Les journalistes et communicateurs auraient dû garder des interviews et des reportages sur les motivations de tels agissements des jeunes Ivoiriens de cette époque. En l’occurrence, le cas de John Pololo. Il était une mine en matière d’études scientifiques !», dit-il.

Ces “guerriers” de l’époque sont partis. Certains ont, sans doute, emporté beaucoup de secrets avec eux dans leurs tombes.

François Yéo

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