Côte d’Ivoire: Quand Joe Kristy ‘’rétablissait les faits’’ sur l'origine du Zouglou

A l’état civil, il répond au nom de Gogoua Christian ; mais pour les besoins du showbiz, il fallait l’appeler Joe Kristy. On lui doit, à lui et à bien d’autres étudiants des années 90, la création du Zouglou. Abondamment associé au Zouglou, le porteur du nom Joe Kristy, sitôt entré dans le corps de la gendarmerie nationale après ses études universitaires, n’a plus, pour ainsi dire, fait signe de vie orale dans le milieu Zouglou, du moins officiellement.

Durant cette absence due à ses responsabilités professionnelles, Joe Kristy a respecté le droit de réserve jusqu’à sa retraite, il y a deux ans. Alors libre de toutes obligations de l’armée, l’homme avait parlé. C’était le 2 juin 2022 à l’émission ‘’Rien à Cacher’’ pilotée par Yves De Mbella, soit un peu plus de deux ans avant sa disparition le 1er novembre 2024 à Abidjan. Ce jour (2 juin 2024) qui marquait par ailleurs son unique et dernière apparition médiatique fut consacré à ‘’rétablir les faits’’. Selon Joe Kristy, il avait cette obligation de rétablir les faits qui étaient de bonne ou de mauvaise foi souvent tronqués.

Le zouglou, révélait-il, est une danse à l’origine et il n’est pas correct qu’on parle de ‘’création’’ : ‘’on parlera plutôt de l’origine du zouglou parce que créer me donne la sensation de comme nous sommes là aujourd’hui, et on procède à la création de quelque chose, ce n’est pas comme ça ; le zouglou ne peut pas être crée comme ça puisque ce sont des pas de danse qui se confondent avec ma personne, c’est mon émanation’’. Joe Kristy qui affirmait ne pas savoir danser avait, par son propre génie, crée ses propres pas de danse bizarres : ‘’ Je ne sais pas danser. Quand vous êtes dans vos histoires de rock, même quand on était jeunes, le disco pour moi ça ne réussissait pas ; donc j’avais pour moi une façon de danser’’.

Du Lycée moderne de Gagnoa où il arrive en provenance du CSP de Dabou, son cousin Opoku N’ti (un autre disciple) le prend en direct, esquissant ses pas atypiques. De cette vérité chorégraphique, le nom viendra plus tard, de la bouche du même Opoku N’ti : ‘’L’expression ‘’zouglou’’ ne nait pas à Gagnoa mais en cité universitaire, à Yopougon et elle sort de la bouche de Opoku N’ti’’, comme pour qualifier quelque chose qu’il trouvait bizarre, un ‘’alliage de bras et de mains’’.

Ces pas, a-t-il confessé, lui ont aussi été inspirés par ce professeur de philosophie du lycée moderne, Octave Sié qui, dans ses démonstrations de ‘’perspectives hégéliennes’’ ne laissait aucun élève indifférent. Peaufinés plus tard à Yopougon à l’occasion de leurs nombreuses assises dans des espaces de ‘’bockolisation’’ (consommation de la bière), les pas du Zouglou ont finalement été adoptés par les étudiants jusqu’à ce qu’un certain Didier Bilé, avec la sortie en 1990 de son album ‘’Gboklo Koffi’’ en fasse une promotion à l’échelle nationale et internationale.

Diaman Emmanuel