Djéguélé Festival 2024 : Le feu sacré autour du balafon dans la Bagoué

C’est sans doute l’un des moments les plus impressionnants et les plus marquants de la soirée du 4 mai à Boundiali, au dernier jour du Djéguélé Festival qui s’y tenait depuis le 27 avril. Réunis sur scène autour de Dodo Koné : la député-maire Mariatou Koné, l’ex-ministre et homme d’affaires Dossongui Koné, Brahima Coulibaly, Directeur de la Communication de la Première dame Dominique Ouattara, Vagba Obou De Sales, représentant la ministre de la Culture et de la Francophonie Françoise Remarck ainsi que plusieurs cadres issus du grand nord ou de leurs représentants…
Quand elle prend la parole, Mariatou Koné (la maire et “mère” des boundialika) livre un discours rassembleur devant la foule. Toute la symbolique est là. D’autant que la marraine du Djéguélé Festival n’a jamais manqué une édition de cet événement culturel, depuis huit ans. «Si le balafon est inscrit au patrimoine culturel immatériel par l’Unesco, le Djéguélé Festival est inscrit au patrimoine immatériel de notre cœur», dit-elle, en exhortant à l’union sacrée autour de ce projet intégrateur.
C’est d’ailleurs avec l’accord du Conseil municipal que le festival bénéficie désormais d’une subvention. «Ce n’est pas grand-chose comme contribution puisque la mairie n’a pas un gros budget, mais nous voulons accompagner le promoteur et notre frère Dodo dans cette initiative noble de valorisation et surtout de diffusion du balafon. (…). Cet instrument de musique traditionnelle fait partie de la vie du Sénoufo, depuis sa naissance jusqu’à son décès», ajoute-t-elle.
Plusieurs invités venus d’Abidjan, à l’instar de Mylène Djihony, Miss Côte d’Ivoire 2023, ont savouré l’instant en assistant aux derniers concerts live du festival gratuitement offerts.
Traoré Zélé (de Papara) donne le ton, dès le début de soirée. A sa suite, Aïcha Traoré transporte l’assistance dans un autre univers musical avec une fusion du reggae et des sonorités mandingues empruntées au terroir Wassoulou. La chanteuse interpelle notamment sur la souffrance du peuple palestinien et plus globalement la situation des musulmans. Sa voix haut perchée transperce la nuit comme une réponse aux coups de canons. Au contraire des armes qui détruisent des vies, la musique rassemble et construit des ponts. C’est aussi l’occasion pour Aïcha Traoré d’attirer l’attention de la jeunesse sur les dangers liés à la consommation abusive de l’alcool.
Lorsqu’elle cède la scène au musicien malien multi-instrumentiste, Néba Solo, le natif de Nébadougou entame une prestation sur fond de parenté à plaisanterie. Le mercure grimpe au fil des notes musicales. L’aisance rapidité du musicien est en elle-même un spectacle, alors qu’il joue de son balafon de la droite vers la gauche selon la disposition des lames, au contraire de la version originelle. Une créativité artistique qui valorise cet instrument de musique traditionnelle que promeut justement le Djéguélé Festival.
Les trois danseurs du groupe (deux hommes et une femme) ont surtout conquis les cœurs avec une prestation tout aussi agréable. Néba Solo se veut de bon conseil à travers ses chants. Invitant par exemple à l’humilité. Ou encore, lorsqu’il clame la vanité des choses de ce monde (le riche devient pauvre et vice-versa, les jours varient, etc.). L’ardeur enthousiaste qu’entraîne sa musique s’explique sans doute par les mélodies des balafons associés au kamalen n’goni (harpe-luth), le karignan, le bara, le djembé ou la batterie qu’il a intégrée.
Il termine par le célèbre morceau “CAN 2002”, hymne officiel de la Coupe d’Afrique des nations qui a eu lieu au Mali en 2002, à la plus grande joie du public. C’est au milieu de la nuit, après plus de trois heures de show, que la fête s’achève avec une pointe de nostalgie dans les regards. Le public se disperse progressivement, la tête encore pleine de sonorités bourdonnantes. Le Djéguélé Festival 2024 aura tenu ses promesses à Boundiali. Rendez-vous à l’édition prochaine !
François Yéo, envoyé spécial à Boundiali
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