JO - Usain Bolt contre Michael Phelps : Qui est plus fort ?

Peut-on comparer Usain Bolt et Michael Phelps, deux légendes de leur sport et des JO ? Vingt-trois titres olympiques pour Michael Phelps, neuf, pour Usain Bolt : sur le plan mathématique, il n y a pas match entre Michael Phelps et Usain Bolt.
A quel point ils dominent leur sport ?
En natation, l Américain a nagé dans cinq épreuves individuelles (200m, 100 et 200m papillon, 200 et 400m 4 nages) et trois relais. Il a fixé un record de médailles d or stratosphérique, en étalant sa suprématie sur quatre éditions des Jeux Olympiques (2004-2016). Avant lui, Mark Spitz avait arrêté sa carrière à neuf titres. Une autre dimension. Phelps a remporté 23 des 30 épreuves olympiques auxquelles il a participé, un taux de réussite de 76%. Le nageur américain a une palette très large mais il ne s est jamais frotté à la distance-reine, le 100m, aux JO. Sur 200m, il compte un titre (2008) et un bronze (2004).
En athlétisme, Bolt, cantonné à trois épreuves (100m, 200m, 4x100m), n est pas au-dessus des autres légendes, puisque le Finlandais Nurmi et l Américain Lewis sont aussi nonuples champions olympiques. Bolt, n a jamais perdu de courses depuis qu il a 18 ans. Il brille sur les distances qui font les stars (100m, 200m et 4x100 m) mais n a jamais essayé d élargir son royaume, comme Carl Lewis l avait fait avec la longueur, même si le 400m l a tenté au temps de sa splendeur.
Leurs cagnottes
Environs 18 milliards FCFA de revenus annuels pour l un autre, 6 milliards 500 millions FCFA pour l autre. Ainsi, sur le plan financier, Usain Bolt a distancé lmargement Michael Phelps. Il a su élargir l audience d un sport déjà plus universel que la natation, grâce à sa personnalité qui rayonne avant, pendant et après les courses. Sa quinzaine à Rio est une parfaite illustration: des pas de samba et des blagues en conférence de presse, un geste-signature pour fêter ses victoires et même des clins d il et des sourires à ses adversaires pendant les sprints. Cela a forcément attiré les sponsors, avec Puma en première ligne (6 milliards FCFA par an), et des contrats sur chaque continent.
Michael Phelps a longtemps eu du mal à exprimer sa domination sportive, finalement trop écrasante, en dehors des bassins : la stratégie minutieuse élaborée par son agent pour en faire un vrai produit marketing a été contrariée par un discours lisse et une personnalité effacée (en public). Mais la popularité de l'Américain a grandi auprès du grand public depuis Londres : en sortant de sa retraite sportive pour redevenir un nageur dominant, en exposant ses problèmes personnels (dépression et alcoolisme). A Rio, le Titan des JO 2008 et le blasé des JO 2012 est devenu un champion plus humain : son fils né cette année au bord du bassin, son père perdu de vue revenu dans son entourage et des larmes non contrôlés sur le podium. C est ce champion vulnérable, marqué par les souffrances, que montrent ses sponsors, à commencer par Under Armour.
Quels héritages
Les exploits en série de Michael Phelps ont fait entrer la natation américaine dans une nouvelle ère, avec une médiatisation croissante. Toutes les grandes compétitions de natation (Mondiaux, Olympiques) sont désormais diffusées sur les grandes chaînes. A Pékin comme à Rio, NBC a imposé les finales de natation aux heures de plus grande audience. Le nombre de pratiquants a gonflé aussi vite que son palmarès : +11% après Pékin, +13% après Londres. Sur les 15 dernières années, la natation US s est aussi masculinisée : la part des hommes affiliés à USA Swimming passant de 38 à 44%. Et à Rio, de Ledecky à Schooling, les champions olympiques s amusaient à publier les photos d eux enfants demandant un autographe à MP .
Usain Bolt est devenu l icône incontestable d un sport déjà mondialisé mais dans la tourmente. Il concentre l attention et détourne le regard des observateurs des problèmes de dopage à grande échelle non résolus. Le magazine Time en a fait logiquement une des 100 personnes les plus influentes au monde et ses revenus montrent qu il est à part : il gagne dix fois plus que nul autre athlète. L enfant de la Jamaïque, le pays de Bob Marley, après ses 9 médailles, annonce sa retraite et déjà l on s interroge à quoi va ressembler le sprint sans Bolt ?
