Exclusif/ François Kency (artiste): «Non, je ne m’interdis rien !»

Après plus d’une décennie hors du pays, François Kency est à la reconquête de son public. En attendant son prochain album à paraître, le natif de Sikensi s’est confié à Abidjanshow.com.
Ça faisait un bail qu’on ne t’avait pas entendu ici, musicalement parlant ?
Oh, oui ! un bail pour vous, mais je chante toujours ! Je sors des productions et mon absence du pays pendant 12 ans vous a peut-être donné cette impression. Pendant mon exil, j’ai fait beaucoup de spectacles en Europe, aux USA, au Canada, etc. J’ai sorti un album de 13 titres dont un morceau en featuring avec Lokua Kanza, un autre avec le groupe américain Toubab Krewe.
L’album est distribué par X-pole et présent dans toutes les boutiques Fnac en France, en Belgique… Il y a eu FAAZ (Femmes africaines de A à Z), toujours pendant l’exil. D’ailleurs, la sortie de ces titres est prévue en Côte d’Ivoire, incluant tous mes nouveaux singles.
Justement, que veux-tu dire par Fa nguassô, le tout récent ?
Précisons que Fa nguassô est chanté en langue française et baoulé. Il est inspiré du rythme traditionnel baoulé, avec la touche du grand chansonnier Tonton Étienno que beaucoup connaissent en Côte d’Ivoire, surtout les fans de musique du terroir.
Fa nguassô, pour dire que nous devons accepter l’autre tel qu’il est, pour une cohésion totale. C’est une invitation au peuple de Côte d’Ivoire, à la cohésion, à l’amour du prochain.
A l’écoute, tu parles entre autres d’une dénommée Adéba. Que représente-t-elle pour toi ?
Adéba veut dire “chéri(e)” ou “amour”, en langue baoulé (...). Le fait de calomnier l’autre dessert l’harmonie et la cohésion. Ça ne sert à rien de s’opposer à ce que Dieu a prévu sur nos vies.
C’est aussi une allégorie de la Côte d’Ivoire ?
Oui, tout à fait. C’est également ça.
On t’avait surnommé “Monsieur Dialoguons pour la paix” en raison de ton engagement pour l’unité nationale…
J’ai toujours œuvré pour l’union, la paix, la cohésion dans mon pays. Je fais ce que je trouve bon pour mon pays. Comme disait l’autre (John Kennedy: ndlr) : «Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays.»
Après la parenthèse douloureuse de 2010, c’est quoi ton rêve pour les prochaines années ?
Rien que la paix, la cohésion… Plus jamais de morts pendant l’élection de la personne que nous payons pour le bien de notre pays, la Côte d’Ivoire. Je crois que l’Ivoirien n’a pas encore compris que le président de la République est l’employé de chacun de nous.
Petite fiction. Si tu étais seul, face aux présidents Ouattara et Gbagbo dans une même pièce, que leur dirais-tu ?
Donnez-vous plus d’amour, car vous influencez les Ivoiriens.
Aux plus jeunes, Blé Goudé et Guillaume Soro ?
Je connais personnellement les deux. A mes deux frères, je proposerais de privilégier l’humilité, l’amour et le respect des anciens, afin d’être des meilleurs exemples pour la jeunesse.
Après avoir connu l’exil, y a-t-il des choses que tu ne ferais plus pareil si ton parcours était à refaire ?
Il est vrai que nous devons toujours nous renouveler, grandir davantage. En ce qui concerne mon attitude ou mon comportement qui m’aurait valu l’exil…non, je n’ai aucun regret. Je ne me reproche rien. J’ai fait ce qu’il fallait, selon moi. En tant qu’artiste, j’ai chanté la paix, fait une tournée à travers le pays, produit des capsules “La paix, rien que la paix” diffusées en 2010.
Elles passaient avant et après le journal télévisé. Personne ne savait que j’étais le producteur. Vous comprenez que je ne peux avoir de regrets. Le seul que j’aurais pu éprouver est d’avoir vécu pendant 12 ans des situations que je ne souhaite à aucun artiste. Après ces 12 ans d’exil, j’ai la force de repartir encore avec une chanson pour la cohésion, Fa nguassô. En fait, il n’y a rien qu’on puisse faire pour moi, je suis profondément pour mon pays.
Grand fan de musique traditionnelle, tu as fait une chanson inspirée du Tohourou avec le regretté Gnapo Bernard. C’était l’une de tes meilleures expériences artistiques ?
Oui, "Dialoguons pour la paix", fait partie des titres de mon répertoire dont je suis très fier ! Surtout, quand il s’agit de préserver la paix et la cohésion dans mon pays. Et le fait d’avoir réussi ce beau brassage instrumental, entre le Tohourou et un orchestre philharmonique.
En termes de combinaisons, tu ne t’interdis rien ?
Non, je ne m’interdis rien. J’aime me surprendre moi-même et surprendre le public. En plus d’être un artiste de recherche, je suis producteur, arrangeur, même si de temps en temps je fais appel à d’autres tels que Freddy Assogba ou David Tayorault, comme c’est le cas pour ce dernier single Fa nguassô.
Autre chose. L’association «Clair de lune pour tous-Afrique» que tu as créée en 1999 continue-t-elle ses actions ?
Effectivement, mon association Clair de lune pour tous-Afrique qui vient en aide aux enfants démunis ou abandonnés a été mise en veille, à cause de tout ce que j’ai traversé. Maintenant que je remets les choses en place, Clair de lune pour tous-Afrique va relancer ses activités.
En 2023 aux «Olympiades de Sikensi», tu as promis aux organisateurs qu’Ismaël Isaac, Gadji Céli et Serge Kassy viendraient à la 2ème édition cette année. Le projet tient-il ?
Oui, c'est une belle initiative, un beau projet. Nous sommes en train de faire en sorte que cette promesse soit tenue, par la grâce de Dieu. Les artistes sont ok.
Un message aux fans ?
Juste dire un grand merci à tous pour l’accueil depuis mon retour. Et surtout, pour l’accueil de ce nouveau single Fa nguassô. Le clip sort bientôt. Le son est sur toutes les plateformes de streaming. Partagez, téléchargez ! Merci à Abidjanshow.com pour cette lucarne.
Réalisée par François Yéo
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