Interview / Djakaridja Lofigué : Le DJ sénoufo qui a conquis internet se confie !

«Mon nom à l’état civil c'est Djakaridja Lofigué. Le nom d’artiste, c’est DJ Sénoufo. Ce sont les gens qui m’ont donné ce surnom, surtout les femmes. J’ai vraiment eu l’amour de mon travail qui est l’animation, avec une discothèque ici (à Korhogo : ndlr).
J’essaie de valoriser ma langue, ma culture à travers la musique en faisant les “atalaku”, les chants pendant les mariages, les baptêmes…», affirme cet homme dont le style d’ambiance en langue locale a conquis les réseaux sociaux. Au point où David Tayorault a tout fait pour le retrouver à Korhogo. Depuis la capitale du Poro, au nord de la Côte d'Ivoire, le deejay s’est confié sur sa passion à Abidjanshow.com.
*Comment ça va, Lofigué ?
Je vais très bien, aba !*
D’où vient ta passion pour l’animation ?
C’est dans une discothèque de la place ici, à Korhogo, que j’ai été piqué par le virus de l’animation deejay. Tout est parti des animations des mariages, les cérémonies de baptême, etc.
*Comment ont été les débuts ?*
Je pense que le début de toute chose n’est pas facile. Certains vont te décourager en te citant des exemples du genre, “tel a fait, ça n’a pas marché”, etc. Mais tu fais le travail par amour. Voilà pourquoi on est dedans.
*Te souviens-tu de la toute première cérémonie que tu as animée ?*
Oui, c’était pendant les élections en 2010. C’est là que j'ai compris que j’avais du potentiel par rapport à ce que les gens disaient. Et moi-même je pense qu’avec du soutien, je peux arriver loin.
*Pourquoi la préservation de la culture sénoufo à travers la musique te tient à cœur autant ?*
C’est primordial pour moi. Je veux surtout valoriser la musique traditionnelle sénoufo, c’est ça mon combat. Je peux chanter dans d’autres langues, mais mon combat est de faire connaître la musique traditionnelle de chez nous. Depuis Soro N’Gana, on ne voit pas d’autres artistes d’inspiration traditionnelle sénoufo. Il y a les chants et danses traditionnels comme le balafon, mais la musique, non. Je veux me battre, par tous les moyens, de ma manière dans mon travail de DJ, pour positionner cette musique.
*OK. Es-tu un initié du poro ?*
Oui, je suis initié au poro et j’en suis très fier. C’est d’ailleurs une étape très importante. C’est la première école de la vie pour nous, en pays sénoufo.
*Vis-tu seulement de la musique ?*
Oui, j’ai des appareils pour l’animation des mariages, des baptêmes et une sonorisation. Quand je n’ai pas de prestations à faire, je peux louer les appareils. S’ils ont besoin de moi aussi, je me déplace. Je ne fais que ce boulot, la musique.
*As-tu l’appui des autorités locales ?*
Je n’ai pas de soutien. C’est par amour, par passion que je le fais. Si on doit attendre le soutien des autorités locales, je crois qu’on va arrêter. Je sais ce qui est sorti de mon tout premier concert ici. Si j’avais du soutien, je crois que je serais à une autre étape aujourd'hui. C’est vrai qu’en dehors, il y a des soutiens sur les réseaux sociaux, mais ça reste des admirateurs qui encouragent à travers des mots. Avec un soutien véritable, on aurait pu aller loin, et même faire un concert au palais de la Culture d’Abidjan. Il n’y a pas un artiste sénoufo pratiquant la musique traditionnelle qui ait fait un concert là-bas. Malgré tout le talent que nous avons. Si moi, je n’ai pas de soutien après tout ce que j’ai fait, je ne sais pas qui en aura.
*Alexis Sékongo est un autre fervent défenseur de la culture sénoufo, travaillez-vous en synergie ?*
Monsieur Alexis Sékongo est vraiment un exemple pour nous. Je peux même dire que c’est lui qui nous inspire dans la valorisation de la culture sénoufo, côté musique. Il valorise le folklore, et quand il organise des cérémonies, il s’arrange pour nous associer. C’est vrai que c’est la même famille de la culture mais il y a différentes branches. Personnellement, il m’inspire beaucoup.
Réalisée par François Yéo
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