Djéguélé Festival 2024 : La puissance du balafon triomphe à Boundiali, contre vents et marées

Chez le peuple sénoufo, à l’époque, lorsqu’une personne s’égarait dans la nature, les villageois se lançaient à sa recherche en jouant du balafon. L’infortuné pouvait s’orienter en suivant le son qui lui parvenait. Dans les champs, il était joué (et c’est d’ailleurs le cas encore aujourd’hui) pour galvaniser les cultivateurs pendant la saison des labours. A l’occasion des fêtes ou des funérailles, il est joué, sauf que les chants diffèrent selon les circonstances….
Au-delà d’être un instrument de musique, le balafon (“djéguélé” en langue locale) a plusieurs dimensions dont celle de moyen de communication. Un héritage culturel ancestral précieux, chez ce peuple installé dans le grand nord ivoirien. Et depuis huit ans maintenant, à Boundiali, le Festival international qui le met à l’honneur (Djéguélé Festival) invite le public à sa célébration, tout en réfléchissant aux moyens de sa sauvegarde.
Cette année, depuis le 27 avril, les concerts live gratuits se succèdent au stade municipal et attirent des foules, en soirée. Le musicien français Praktika a pu le constater, vendredi 3 mai. Accompagné sur scène par le balafoniste burkinabè Innocent Kimpé, leur musique est un exquis mélange d’électro et de musique house. Un cocktail explosif de sonorités syncopées. L’âme de cette musique, puissante, ardente, parfois ensorcelante, est aussi un métissage culturel entre l’Europe et l’Afrique. Le duo a été ensuite rejoint par Jahelle Bonee, pour un hommage à Zélé de Papara, célèbre chansonnière disparue au milieu des années 90.
Quand ils cèdent la scène au percussionniste Oswald Kouamé, c’est un saut dans un autre univers. Le public s’émerveille de la créativité de cet instrumentiste iconoclaste et fascinant. Le concepteur du Saké Jazz a la particularité d’utiliser n’importe quel objet comme instrument de musique, jusqu’aux plus improbables : ustensiles de cuisine, poire à lavement, et même le bruit que produit l’eau qu’il transvase d’une bouteille à une casserole. Musicien créatif et facétieux, ses compositions ont régalé les spectateurs tout comme certaines reprises des classiques ivoiriens dont Ziboté d’Ernesto Djédjé.
La série de concerts s’achève au bout de la nuit, avec le Malien Molobaly Kéïta. La connexion avec le public est naturellement établie. L’icône de la musique traditionnelle malienne, rendue célèbre par le balafon, s’approprie la scène et fait danser même les personnalités présentes.
Finalement, la pluie qui s’était invitée à la fête quelques heures plus tôt, n’aura été qu’une parenthèse anecdotique au cours de cette soirée festive du balafon.
François Yéo, envoyé spécial à Boundiali
Photos : A. Sanou
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