Interview (2e partie) / Nash: «Désormais, je fais plus attention»
Alors qu’elle préparait son nouvel album “Ambiance Nouchi” paru en mars dernier, la rappeuse Nash a dû faire face à de nombreux défis. Aussi bien personnels que professionnels. Dans la deuxième partie de l’interview accordée à Abidjanshow.com, la go cracra du djassa aborde des sujets d’ambiance façon nouchi.
Es-tu devenue moins dure avec les hommes maintenant ?
J’avais fait une erreur avec le Seigneur, je parle beaucoup de Dieu parce qu’il est ma force. Pendant la préparation de l’album, je suis sortie d’un lourd “goumin” qui a failli me coûter la vie. Je ne veux pas rentrer dans les détails, il y a eu beaucoup de choses. Ça m’a fait beaucoup de mal.
Avant cela, j’avais passé 5 ans d’abstinence pour me mettre à part, me consacrer au Seigneur. Et je suis tombée dans le panneau, parce que tout le monde me mettait la pression du mariage. Je me suis dit, pourquoi pas. Sauf que je ne suis pas tombée sur la bonne personne. Je ne vais pas l’exposer ou la dénigrer, mais ce n’était pas vraiment la personne qu’il fallait et ça m’a coûté beaucoup. J’ai vécu une grosse dépression qui a agi sur mon moral, ma santé.
Les hommes te font-ils la cour autant qu’avant ?
Oui, ils viennent. Mais pour le moment, mon cœur n’est pas ouvert. Franchement, si je ne sens pas un truc, je ne me lance pas. En plus, ce que j’ai vécu est assez récent. Celui qui va venir, ça doit être pour le mariage et il faudrait que ce soit le Seigneur qui l’envoie. J’avais senti spirituellement des choses au début, mais je m’étais entêtée. Tu connais le cœur. Et moi, je ne sais pas faire les choses à moitié. Désormais, je fais plus attention.
Es-tu consciente que tu es une belle femme ?
Bien sûr, depuis longtemps ! C’est vous qui pensez que je n’en suis pas consciente (rires). Ce n’est pas pour autant que je vais faire plaisir aux gens en me conduisant selon leur désir. Moi, je ne fais pas les choses selon les gens, je fais comme je les ressens.
Le style ziguéhi n’a-t-il pas caché pendant longtemps cette beauté extérieure ?
Tu peux t’habiller sexy sans que l’on voit ta beauté. Ce n’est pas le sujet. D’ailleurs, j’avais plus de courtisans quand j’étais en mode ziguéhi que maintenant. Souvent, nous sommes plus femmes qu’on ne le pense. Ce n’est ni le physique, ni l’apparence qui définit tout. C’est le cœur, la mentalité… Et mon engagement spirituel m’aide beaucoup aujourd’hui.
Serais-tu tentée de te consacrer entièrement à la vie spirituelle ?C’est Dieu qui décide. J’ai un appel sur ma vie. Dans mes concerts, j’ évangélise la plupart du temps. Partout, je gagne des âmes à Christ. J’ai également un rôle au sein de mon église, Ministère international Repos où je suis responsable du social depuis 2015. J’ai fait une collaboration avec Guy-Christ Israël, mais ça ne veut pas dire que je suis chantre ou pasteur. Non. C’est un ministère, un appel. On ne se lève pas pour s’autoproclamer chantre.
Néanmoins, dans la manière de faire, tu peux savoir si je suis chrétienne ou pas. Mais il ne faut pas confondre, je suis artiste chanteuse de confession religieuse chrétienne évangélique. Les gens doivent apprendre à faire la part des choses. Quand tu t’engages dans un domaine où Dieu ne t’a pas appelé, tu crées des problèmes. Donc, je suis évangéliste mais je n’ai pas besoin de le crier sur tous les toits. Que ce soit sur mes réseaux ou lors de mes concerts, je parle de Jésus.
Je n’ai pas honte de parler de lui, parce que je sais d’où il m’a sortie. La paix avec lui est mieux que la paix avec le monde. Et si tu es en paix avec le Seigneur, tu seras en paix avec le monde.
OK. Est-ce que l’époque des sounds systems, des posse (lire “possi” : ndlr) te manque ?
On est en train de chercher à faire revenir ça. La Team Paiya le réussit actuellement en créant un “gbonhi”. C’est un peu l’esprit des posse. Et c’est ce qu’on gagnerait à faire. On a créé l’association PIAH, Professionnels ivoiriens associés pour le Hip-Hop, qu’on va bientôt annoncer. C’est de créer une fédération d’associations des faiseurs de Hip-Hop. Et puis, les sounds systems, c’est dans la rue qu’on les fait. Ça dépend des moyens aussi. Jojo le Barbu le fait souvent avec ses petits. D’ailleurs, les choses de l’époque reviennent progressivement.
Quand un artiste du mouvement comme Didi B fait le Casino de Paris, qu’est-ce que tu te dis ?
C’est un bonheur, une joie. Et c’est le Hip-Hop qui gagne. On dit Rap ivoire, or certains font du RnB, de la Dancehall, du Ragga… Joochar fait de la Dancehall ivoire par exemple. L Jay fait du RnB ivoire. Il y a différents styles dans le Hip-Hop y compris l’Afrobeat, le Rap, etc.
Bref, ça fait plaisir et ça signifie qu’on est en train de “debout sur djamana”, de “défra sur le bingue” (on est à la conquête du monde: ndlr). C’est “bôrôtisant”, ça donne de l’espoir. Il faut reconnaître que les enfants ont “bara” (travaillé : ndlr). C’est une fierté. Avant, c’étaient les M.A.M. qui “djassaient foule” (cartonnaient : ndlr) côté Europe. Aujourd’hui, quand je vois Didi B, je pense à Mouss (ex-membre du trio M.A.M : ndlr).
Possible que tu collabores avec lui à l’avenir ?
Oui, on devait d’ailleurs le faire dernièrement sur un de mes titres mais il n’a pas eu le temps. Ce n’est que partie remise. Avec la petite Oprah aussi on prévoit un truc, pour un projet à elle. Mais comme je le dis, je fais mes feats au feeling. Je choisis en fonction de ma vision et la personne que je trouve idéale pour le faire. Pas parce qu’elle est en vogue. Non. Tous mes featurings, c’est avec mes gens, quand je sens la vibe de la personne.
La direction artistique de cet album a été faite par Kajeem et vous avez collaboré sur un titre ?
Il a voulu que je reste dans le Hip-Hop, avec mon style, tout en évoluant niveau musique. Il a fait le refrain en baoulé et moi je rappe sur un beat. Le kôrô a dirigé le mouvement, tranquille. Mon fils Smayle Cissoko, lyriciste, m’a aidée dans l’écriture de certaines chansons. Je pose sur les beats folkloriques, toutes sortes, en fait.
Réalisée par François Yéo et Bambara Tetié
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