Des restaurants asiatiques interdits aux Noirs, à Abidjan, créent l’indignation

La nouvelle a d’abord surpris. Avant de susciter une vague d’indignations sur les réseaux sociaux, depuis mercredi 7 mai 2025. Puisque c’est sur les plateformes sociales que deux Ivoiriens ont livré, chacun, leur témoignage après avoir été refoulés à Abidjan dans des restaurants appartenant à des ressortissants asiatiques, et dont l’accès serait “interdit aux Noirs”.
«Il m’a fallu deux semaines pour réussir à me remettre de mes émotions et soulever un fait qui nous a choqué mes enfants et moi-même», raconte la première personne, une femme. A l’en croire, le restaurant en question qui lui a été recommandé par quelqu'un ne présente aucune enseigne distinctive. Néanmoins, “après avoir cherché et trouvé difficilement le lieu” dans une cour, le vigile l’aurait accostée pour lui dire que l’endroit est interdit aux Noirs. A défaut, elle demande si elle peut avoir le menu et passer commande pour se faire livrer. «Le vigile rentre dans le restaurant pour demander aux proprios (...) et incroyable, il revient bredouille en me disant qu’une fois de plus ils sont formels, le restaurant est interdit aux Noirs.»
Le blogueur et chroniqueur télé, Henri Michel, raconte sa propre expérience, en soutien au témoignage de cette dame. «On m’a également repoussé une fois dans un grand hôtel (...) à la 7e tranche», dit-il. En compagnie de deux personnes ce soir-là, il tombe fortuitement sur une enseigne lumineuse qui l’a attiré. «Je propose à mes “éléments” de s’arrêter pour boire un verre vite fait (ceux qui me connaissent savent que c’est mon travail qui est là, souvent je fais de belles découvertes avec cette méthode et vu que je suis créateur digital je fais un vlog en même temps.) On remarque quelques vigiles noirs qui nous escortent, mais pas comme d’habitude», poursuit-il.
A leur suite, trois asiatiques arrivent pour leur expliquer dans un français approximatif qu’ils n’ont pas le droit d’entrer. Dépités, les visiteurs se rabattent alors sur le casino à côté. «On nous a donc fait visiter le casino, en prenant nos pièces d’identité. Et là-bas, même ceux qui étaient là (tous des «blancs») nous regardaient bizarrement», ajoute Henri. Il joint sa voix à celle de l’autre plaignante, inquiet face à cette pratique contraire aux valeurs ivoiriennes. «Dans un pays comme le nôtre aussi bienveillant, accueillant et hospitalier, est-ce normal d’avoir des enseignes qui, elles, ne sont pas hospitalières avec nous ? (...) Quelle est la bonne attitude face à cela ? On veut faire bouger les lignes à ce niveau.»
François Yéo

