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Alsace : le psychologue retenu par un détenu libéré

Mickaël Gilgenmann en était à sa troisième prise d'otage en prison. Le délégué FO pénitentiaire confie en avoir "ras la casquette".

SOURCE AFP

Il aura fallu 7 heures de négociation au GIGN pour mettre fin, sans effusion de sang, à la prise en otage d'un psychologue par un détenu de la maison centrale d'Ensisheim (Haut-Rhin). Le détenu en était à sa troisième prise d'otage : il s'était retranché jeudi avec un psychologue à la maison centrale d'Ensisheim (Haut-Rhin) pour médiatiser ses démêlés avec l'administration pénitentiaire, au risque de prolonger un peu plus son séjour en prison. « Je détiens actuellement le psychologue et je tiens une lame sous sa gorge. Je sais que je vais encore prendre, mais je veux que mon affaire soit médiatisée », a déclaré Mickaël Gilgenmann, 27 ans, en contactant par téléphone les Dernières Nouvelles d'Alsace depuis la prison d'Ensisheim. Selon les DNA, qui citent les explications du preneur d'otage, celui-ci souhaite être autorisé à « aller sur la tombe » de son père, décédé en mai, et s'est plaint des conditions dans lesquelles il avait pu assister à ses obsèques. La prise d'otage a commencé peu avant 11 heures, a indiqué le préfet du Haut-Rhin, Pascal Lelarge, qui s'est rendu dans cette prison réservée aux longues peines, située à environ 20 kilomètres au nord de Mulhouse. « Compte tenu de la dangerosité de l'individu, nous avons demandé l'intervention du GIGN, qui est arrivé vers 15 h 30 et a pris le relais des négociations », avait expliqué le préfet. Et 18 hommes du groupement d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) ont été acheminés sur place par hélicoptère, a constaté un photographe de l'Agence France-Presse.

« Un jour, le drame arrivera »

En milieu d'après-midi Christophe Schmitt, délégué FO pénitentiaire était inquiet : « On n'est peut-être pas près de voir le bout de la prise d'otage », confiait-il. Multirécidiviste, le preneur d'otage avait initialement été condamné à de petites peines pour des faits de violence, vol et cambriolage. « C'est quelqu'un qui a été plusieurs fois condamné. Il a un passé judiciaire important, assez lourd, et il semble avoir des difficultés familiales et personnelles assez notables », a dit aux journalistes le procureur adjoint de Colmar, Jean-Jacques Gauthier. Après avoir mené une rébellion au centre de détention de Montmédy, dans la Meuse, il avait subi un transfert disciplinaire à la prison de Toul, en Meurthe-et-Moselle, où il avait pris, en janvier 2014 une psychologue en otage à l'aide d'une brosse à dents taillée en pointe pour réclamer son transfert à Ensisheim. Quelques mois plus tard, il avait pris deux gardiens de la prison de Metz-Queuleu en otage, ce qui lui avait valu quatre ans de prison supplémentaires en juin 2014.

Troisième prise d'otage

L'homme, qui utilise une « arme artisanale », s'est enfermé avec son otage un psychologue de l'hôpital de Colmar , avec lequel il venait de commencer un entretien, a précisé à l'Agence France-Presse le directeur adjoint de l'administration pénitentiaire de Strasbourg, Stéphane Gély. Il a « vraisemblablement » utilisé un téléphone installé dans ce local pour contacter la presse locale, selon Stéphane Gély. « En l'espace de six ans, c'est la troisième prise d'otage à Ensisheim », a déploré Christophe Schmitt. « On est en face d'un détenu qui avait revendiqué son incarcération à Ensisheim et l'a obtenue », a remarqué le délégué syndical, qui ajoute « en avoir ras la casquette qu'un détenu qui commence à s'agiter obtienne ce qu'il veut : ça les conforte et ils continuent ». Si les précédentes prises d'otage se sont toujours finies sans effusion de sang, « un jour, le drame arrivera », a-t-il prévenu. Lorsque l'affaire sera terminée, le personnel pénitentiaire d'Ensisheim « espère des sanctions et un transfèrement immédiat » du preneur d'otage vers un autre établissement, a renchéri de son côté Sylvaine Rabiniaux, déléguée syndicale SPS à la maison centrale d'Ensisheim.
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