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Djéguélé Festival 2025 : PCha… jusqu’au bout de la nuit

«Ça alors, on ne va pas dormir ici ? On va faire une dernière», lance, hilare, le jeune artiste malien PCha devant un public effréné qui refuse de quitter la piste de danse. Il est plus de 2h du matin, mais au Stade municipal de Boundiali, la première nuit de concert live de la 9e édition du Djéguélé Festival est loin de se terminer.

Le vendredi 11 avril a offert une soirée artistique électrisante qui a réuni sur scène des talents venus de la Côte d'Ivoire, du Burkina Faso et du Mali : les groupes traditionnels Ninnin de Dembasso (meilleur groupe de balafon de cette édition), la chanteuse burkinabè Amsa Barry, les groupes ivoiriens Sôgô Sôgô Bonbon et Sourayow, ainsi que le jeune prodige PCha, fils du virtuose Néba Solo. Ce dernier, véritable étoile montante de la musique malienne, a sublimé la scène avec un savant mélange de tradition et de modernité en mettant justement sous les projecteurs le balafon “djéguélé”, instrument emblématique des peuples sénoufo.

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Le balafon à l’ère du numérique

Mais le Djéguélé Festival, c’est bien plus que des concerts. En journée, le vendredi, une conférence-débat s’est tenue au siège du festival autour du thème : «Balafon Djéguélé à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle : Défis et perspectives.» L’intervention du conférencier principal, Ibrahim Koné, maître-assistant à l’Université Péléforo Gon de Korhogo, a mis en lumière l’importance d’une transition numérique maîtrisée : numérisation des œuvres, commercialisation, création assistée, réseaux professionnels, applications interactives… autant de pistes évoquées pour assurer la pérennité de cet instrument multiséculaire.

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Des voix influentes du secteur culturel telles qu’Adolphe Yacé (Directeur de la musique à l’INSAAC), Gaoussou Yao (Directeur régional de la Culture et de la Francophonie) ou encore Christiane Sanon-Coulibaly (Directrice générale de la Semaine Nationale de la Culture du Burkina Faso) ont insisté sur l’urgence et la nécessité d’une codification des techniques de jeu ainsi qu’une reconnaissance internationale renforcée. Le balafon, héritage ancestral vivant, partagé par la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Mali, est immatriculé au patrimoine immatériel de l’Unesco depuis 2012.

Entre héritage et modernité

Fondé par Dodo Koné, le Djéguélé Festival est depuis sa création un véritable hymne à la culture sénoufo, mais aussi un outil important de cohésion sociale et d’intégration sous-régionale. La scène artistique accueille chaque année des artistes invités du Burkina Faso et du Mali, toute chose qui contribue à tisser des liens solides entre les peuples.  Ce samedi, la 9e édition s’achève avec de nouveaux concerts, notamment celui de l’inusable Molobali Kéita. Mais déjà, la ferveur populaire et l’engagement des acteurs augurent d’une chose : le balafon a encore de beaux jours devant lui, porté par une nouvelle génération d’artistes bien décidés à le faire résonner au-delà des frontières.

François Yéo

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