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Interview/ Braising Girl : «J’avoue que c’était très frustrant…» (2e partie)

Dans cette deuxième partie de notre interview avec Braising Girl, la jeune femme parle du Vrai Match co-présenté avec Kevine Obin, son enfance, ses rêves, etc. Pour Abidjanshow.com, elle se dévoile avec bonhomie et sans langue de bois !

Il y a beaucoup de critiques autour du Vrai Match, certains disent que ce sont des mises en scène…
Au début, tu essaies de te justifier tant bien que mal, puis au bout d'un moment, ça va quoi. Si ce sont des mises en scène, c’est qu’il y a beaucoup d’acteurs au pays, hein ! Après tous les castings qu’on fait (....). C’est qu’on a de bons acteurs. C'est fou comment les cinéastes qui tournent des films ont parfois du mal à trouver des acteurs, alors que nous les avons si facilement… Donc, on a les meilleurs acteurs, on dirait. Au début, tu essaies de t’expliquer, mais on ne va pas passer notre vie à le faire.

Comment expliques-tu que des gens se disent surpris de découvrir leurs conjoints dans l’émission se présentant comme des célibataires ?
Kevine et moi, nous sommes des animateurs, pas des espions. Ce n’est pas notre rôle. Si toi, aujourd'hui, tu décides de passer à l’émission en me disant que tu es célibataire, je m’en tiens à ta parole. Néanmoins, on te pose des questions. Par contre, tu ne peux pas aller au domicile des gens, fouiller là-bas ! On se base sur ce que tu nous dis. Quelqu’un qui est marié, par exemple, c'est assez gros quand même ! Une personne qui vient sans alliance, qui dit qu’elle n’est pas mariée…

Elle peut laisser l’alliance à la maison ?
Donc, comment pouvons-nous le savoir ? On ne peut pas aller fouiller chez elle.

Des contrats sont signés avec les participants pour ne pas nuire à la crédibilité de l’émission ?
Bien sûr, ce sont des choses qui se font en amont.

Comment vis-tu toutes ces critiques ?
C’est épuisant dans les débuts, de devoir se justifier chaque fois. Mais après, tu ne peux pas le faire à longueur de journée. Il y a des couples qui se sont formés quand même grâce à l’émission. Même si c’est un seul parmi mille. Comme on le dit dans l’introduction de l’émission, on n’a pas de baguette magique. C’est la vie réelle qui est juste switchée à la télé. Il y a des relations, vous faites un date, vous partez au restaurant, vous échangez, puis après ça ne marche pas. C'est la vie.

Petite fiction. Si tu étais candidate dans cette émission, quel type d’homme te ferait matcher ?
(Elle éclate de rire) Oh, Seigneur !... En fait, je serais allée d’abord sur le feeling. Parce que c’est un truc à l’aveugle. A supposer que je sois dans le fauteuil, c’est juste la conversation. J’aimerais que ce soit quelqu'un qui, lorsqu’il s’exprime, tu sais qu’il est allé à l’école et qu’il a de l’éducation. Ensuite, il y a les valeurs morales. A travers les échanges, tu te fais une idée des attentes de la personne. Ce sont des questions qu’on pose pendant la première mi-temps, lors de la découverte.

Quelles sont les valeurs morales qui comptent pour toi ?
Quelqu'un qui respecte la femme. Moi, je suis la dernière de ma famille, on ne m’a pas tapée. Je suis contre toute forme de violence. Il y a aussi la mentalité, comme celle qui consiste à dire que la place de la femme N’EST qu’à la cuisine. Dire que sa place est dans la cuisine n'est pas injurieux. Mais c'est le fait de vouloir la cataloguer, dire qu’elle n’est bonne qu’à cela que je désapprouve. (...) Aussi, tant que l’homme a assez confiance en moi pour savoir qu’il y a une différence entre la vie des médias et celle de tous les jours, c’est bon.

Les critères physiques ?
C’est subjectif. Tout le monde sait, quand je parle d'hommes minces. J’ai passé plus de temps à valoriser les hommes minces que les “apoutchou”. Mais on peut passer outre le physique quand il y a un feeling derrière.

Sais-tu que tu es belle ?
(L’air un peu troublée) Ah, merci de me le dire ! La beauté est subjective aussi, il faut me voir au réveil. Souvent, je me regarde et je dis : ah, c'est comment et puis tu es comme ça (rires) ? C’est flatteur en tout cas. Merci.

Célibataire ou pas ?
Chez moi, ce n'est pas un secret. J’ai quelqu’un dans ma vie.

Que penses-tu de la polygamie ?
Je dis, n’est pas polygame qui veut mais qui PEUT. Si tu décides d’être polygame, tu dois pouvoir faire la même chose pour toutes tes femmes. C’est une question d’équité. Pour moi, ce ne sont pas des sujets sur lesquels on devrait discuter. Car, chaque personne est libre de ses choix. C’est plutôt le fond, l'essence même de la polygamie qui importe. Si tu sais que tu peux assumer avec justice et équité, tu le fais. Pour moi, ce n’est pas un sujet à controverse.

Es-tu née dans un foyer polygame ?
Non. Père musulman, mère chrétienne. Trois filles et un garçon.


J’ai le papa le plus cool qui puisse exister. C’est une mentalité française où on laisse la latitude à l’enfant de choisir sa religion. Une fois, il nous a expliqué qu’ils avaient prévu, avec ma mère, que si des garçons naissent, ils vont suivre papa. Et les filles vont suivre maman. C'était leur calcul. Finalement, il y a eu trois filles et un garçon. Les filles suivent maman. Et l’unique garçon se dit pourquoi je vais rester seul avec papa ? Donc, il est allé du côté de maman. Du coup, on se retrouve tous à suivre notre maman, en étant catholiques. Et mon papa n’a jamais eu de problème avec ça. Il est vraiment open minded, pas du tout compliqué.

Tu nais et grandis où ?
Je nais à la clinique Avicennes de Marcory. Cependant, mes parents sont à Grand-Lahou. Ma mère est pharmacienne, tandis que mon père est gestionnaire. Donc, ils travaillent ensemble. Mon papa a aussi des responsabilités à la FIF (Fédération ivoirienne de football : ndlr). Je suis restée à Grand-Lahou un moment. Ensuite, je suis venue faire mes études à Notre-Dame du Plateau à Abidjan où j’ai obtenu le Bepc. Je retourne encore à Grand-Lahou. C’est là que j’ai le BAC. Puis, je reviens à Abidjan pour le cycle supérieur. Après, les États-Unis et je reviens.

OK. Quand tu fais tes premières vidéos, comment réagissent tes parents ?
La famille n’est même pas informée (elle rit). On me découvre après. J’étais à l’époque à la Riviera 2 chez ma sœur aînée, quand je lui ai dit que je vais faire des vidéos maintenant. Elle dit, ah bon ? OK. Et au départ, on était deux, c’était les Braising Girls. J’ai commencé avec ma copine et puis elle m’a lâchée en chemin.


Les gens ont du mal à le croire mais avant j’étais très timide. Je n’ai pas forcément la personnalité la plus extravertie, car j’ai ce truc de personne calme aussi en moi. Avec le temps, ma maman me découvre sur les réseaux sociaux, mais j’étais déjà partie aux États-Unis. Une fois, on parlait et elle me dit “tiens, j’étais en train de regarder une de tes vidéos même”. J’ai changé de sujet en même temps. (...). Ma maman est très à cheval sur l’éducation. C’est surtout pour ça que je ne me permets pas de dire certaines choses, de critiquer les gens, de rentrer dans les clashs. Tant qu’elle sent que tu ne te perds pas sur le chemin, pour elle ça va. Mais il y a des choses que je ne me permets pas.

Du genre ?
Les insultes. Dans les clashs, quand quelqu’un t’insulte, crois-moi, tu es tenté de répliquer. Dire quelque chose comme «ta maman !» Mais ce sont des choses que ma mère n’accepterait pas, ce n’est pas possible ! On ne t’a pas éduqué comme ça. Donc, je me fais violence pour ne pas tomber dans ces choses.

Comment est née l’idée de faire des vidéos ?
A l’époque, j’allais souvent aux Deux-Plateaux où j’avais une bande d’amis, pas loin de Sococé. Ils étaient en majorité des hommes, environ sept. Ma copine Marie-Noël et moi partions là-bas régulièrement. Tu sais que les gars entre eux, comme on le dit, ils «s’attachent» (se vanner réciproquement : ndlr). On se «braise.» Les hommes sont bons à ça. Et moi, je ne me laissais pas faire ! J’avais le sens de la répartie. Tu tombes sur moi, je tombe sur toi ! Tu veux «m’attacher» ?

Quand je te ramène la balle, souvent je gagne. Quelquefois ça prend des allures de palabres. Quand quelqu’un te dit “je vais te frapper”, c’est que tu as «djô» (rires). Après, ce sont eux qui ont commencé maintenant à me dire «ouais, tu braises !» Et avec ma copine, ils nous ont surnommées les “Braising Girls”. Ce sobriquet est resté. C’est comme ça qu’une fois, elle et moi, nous avons eu l’idée de faire des vidéos. A ce moment, c’est Prissy la Dégameuse qui était la référence.

C’est elle qu’on a regardée pour nous lancer. Ma copine était plus partante que moi. Je me disais que les gens allaient m’insulter sur les réseaux et tout. Elle m’a encouragée en disant que si ça ne marche pas, de toute façon, on est deux à prendre la honte ou le succès. C’est comme ça qu’on se lance.

Te souviens-tu de ta toute première vidéo ?
Oui, c'était sur la chanson «Diplôme» de Josey qui venait de sortir. J’expliquais comment les femmes mettaient la pression aux hommes, etc. Je me rappelle que ma copine (Marie-Noëlle) était à Abengourou. Je lui ai demandé qu’on fasse l’essai, en lui envoyant ma vidéo. Elle m’envoie la sienne et suggère qu’on poste la mienne d’abord. Parce qu’elle la trouvait plus chic, plus drôle. Je ne voulais pas. J’ai dit qu’on est censé prendre les coups ou les éloges ensemble.

Sur son insistance, je poste la première vidéo. Ensuite, on refait une autre ensemble. Un jour, elle me fait asseoir pour m’expliquer qu’elle a senti un truc dès ma première vidéo. Elle a voulu que je le fasse désormais seule, et qu’elle sera là pour me booster. J’étais énervée. C’est «gros cœur» qui a fait que j’ai continué. C’était en mode ok, il n’y a pas de problème, je vais faire mes vidéos seule. Mais c’était sans aucune conviction ou passion.

Celle du «Bim» fait fureur pendant le confinement alors que tu es aux Etats-Unis…
C’était très frustrant. Les frontières étaient fermées pendant la Covid-19. Pendant toute la période du «Bim», je me rends compte que je mousse au pays comme jamais ! Mais je suis aux Etats-Unis. C’était dans le mois de juillet, en vacances, et je m’occupais des enfants d’une famille. Je me rappelle que mon téléphone n’arrêtait pas de sonner. On t’a vue ici, tu es passée sur Life TV, etc. (Elle rit). J’avoue que c’était très frustrant. Et je me demandais à ce moment-là si je rentrais comment ça allait être glorieux. Malheureusement, je n’ai pas pu. De toute façon, rien n’arrive au hasard.

Combien d’années passes-tu aux Etats-Unis et quel job faisais-tu après les cours ?
J’y ai passé presque 5 ans. Je faisais du baby sitting, j’aime beaucoup les enfants. Donc, je m’occupais d’eux. Quand je finis les cours, je m’en vais les récupérer à l’école. Je fais la cuisine pour eux, etc. Je travaillais quatre heures, de 14h à 18h.

Ton métier actuel faisait partie de tes rêves ?
Je dirais oui et non. D’abord, non. Parce que je n’étais pas forcément focus sur ce métier. Donc, je ne sais pas exactement où je partais. C’est pourquoi je dis, ça ne pose pas problème que quelqu’un qui vient d’avoir son diplôme ne sache pas ce qu’il veut faire. Moi, j’ai mis du temps. Les choses se sont faites naturellement. Ensuite, oui. Parce que dans ma conception des choses et mes prières, je disais toujours : «je veux travailler sans avoir l’impression d’être en train de travailler.» C’est tout ce que je demandais. Je ne voulais pas d’un métier “boring” (ennuyeux : ndlr).

Comme une contrainte de se réveiller pour aller faire ceci ou cela. Seulement, je ne savais pas quoi précisément. Donc, le fait d’être animatrice télé, oui c’est quelque chose que j’ai toujours voulu dans le sens où je ne voulais pas d’un travail carré ou administratif qui voudrait que je fasse des trucs sérieux. Et puis, non, car je ne savais pas où je partais. Mais au final, j’ai mon métier de rêve. Toujours en essayant de faire plus.

OK. Quel message pour ceux qui te suivent ?
Merci, parce que dans ce milieu, on doit beaucoup à toutes ces personnes qui nous soutiennent. J’ai gagné en audience grâce à ceux qui sont derrière, ceux qui arrivent à faire la part des choses. Les vidéos, c’est de l’humour. Mais les gens te traitent de tous les noms. Merci à tous ceux qui sont là depuis le début. A ceux qui ne m’aiment pas, ce sera compliqué, parce que vous allez me voir partout.

Quelqu’un qui n’a pas fait une formation d’animatrice dans une école se retrouve au-devant de l’une des émissions qui marchent le plus en Afrique de l’Ouest francophone, si vous ne m’aimez pas, ça sera compliqué pour vous (petit sourire en coin : ndlr). Vous allez me voir partout. Sinon, fermez vos yeux, bouchez vos oreilles. Mais ça ne fait que commencer !

Réalisée par François Yéo

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