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Interview/Fadal Dey : Le reggaeman interpelle le gouvernement sur l’affaire des terrains à Abidjan

Penses-tu que les palabres concernant les terrains à Abidjan actuellement étaient prévisibles ?

Je dirais que c’était un peu prévisible, parce les histoires du foncier en Côte d'Ivoire ne datent pas d’aujourd'hui. Je pense aussi qu’il y a un problème d’honnêteté, d’éthique et de bonne moralité dans cette histoire d’attribution d’un seul terrain à plusieurs personnes.


Moi qui vous parle, je suis propriétaire terrien chez moi, à Blamadougou au village (dans le district du Denguélé au nord-ouest de la Côte d’Ivoire : ndlr). Mais là-bas, vous ne verrez jamais quelqu'un attribuer un terrain à plusieurs personnes à la fois jusqu’à ce que ça devienne un problème. Ce n’est pas possible ! C’est vrai que nous sommes à Abidjan, c'est la capitale. Mais il n’y a pas que cette ville qui fait la Côte d'Ivoire.

Nous avons connu aussi par le passé cette histoire de foncier dans l’ouest, avec nos parents Guéré et Baoulé face à certains ressortissants de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest : ndlr). Donc, je pense que le gouvernement doit se saisir de ce problème pour trouver une solution efficace et durable. (...) Il faut que les gens soient de bonne moralité, un peu honnêtes. Je ne dis pas que tout le monde est malhonnête. Mais quand vous êtes propriétaire d’un terrain et que vous décidez, en âme et conscience, de l’attribuer à plusieurs personnes moyennant de l’argent, c'est de l’escroquerie et la loi doit vous punir.

A qui la faute ?
A nous tous. Déjà, aux propriétaires terriens, comme l’a dit le porte-parole du gouvernement (Amadou Coulibaly, ministre de la Communication : ndlr). Il y a d’abord un propriétaire. Il n’y en a pas deux ou trois. Ensuite, il y a un acquéreur qui peut décider de revendre à son tour. Il y a donc un seul propriétaire. Dans la vie, nous devons avoir peur de poser certains actes.

Dans tout cela, certains estiment que les terres des Ivoiriens sont vendues frauduleusement à des étrangers…

Oui, puisque ce sont des Ivoiriens qui vendent leurs terres. Ce n'est pas l’État. Il ne faut pas qu’on fasse croire aux Ivoiriens que c’est l’État ou le président de la République qui vend les terres aux étrangers. Non, ce sont les propriétaires de ces terres qui les vendent. C’est simple. Je pense, comme au vient de l’apprendre du côté du Burkina, qu’il faut que l’État soit plus rigoureux. Il faut qu’on vote une loi claire, pour ne plus que nos terres soient vendues à des non-nationaux. Ce n’est pas de la xénophobie. Celui qui veut construire sa maison, on peut la lui vendre. Mais celui qui la veut pour faire du commerce, construire une usine ou faire sa plantation, il faudrait la lui louer.

Comment expliques-tu la résurgence de ces problèmes fonciers seulement maintenant ?

Ils n’ont pas surgi maintenant, il y a longtemps qu’ils existent. Je me rappelle celui de l’ouest où des gens se plaignaient d’avoir été spoliés. Sans pour autant remuer le couteau dans la plaie. Des gens avaient vendu des terres à des non-nationaux qui les ont mises en valeur. Comme le disait Félix Houphouët-Boigny, la terre appartient à celui qui la met en valeur. Et lorsque les champs ont produit, le cacao, le café, la banane ont donné… les gens ont trouvé que c'était leurs terres. Je le redis, il faut que le gouvernement trouve une solution efficace pour mettre tout le monde à l’aise.

Vu que nous sommes dans une année électorale, c’est inquiétant non ?

Ça peut paraître inquiétant. Mais je pense qu’il ne faut pas s’affoler. Les Ivoiriens sont matures. Le chien qui a vu le lion et celui qui ne l’a pas vu n’ont la même manière de courir. Nous ne voulons plus retomber dans les travers du passé. Je suis serein et imperturbable, confiant que les élections de 2025 vont bien se passer. Il faudrait qu’on se fasse confiance, qu’on pardonne ce qu’il s’est déjà passé. Aujourd'hui, on a besoin de stabilité parce que le gouvernement a mis le pays sur les rails du développement. Nous n’avons pas le droit de reculer. Je demande surtout aux partis politiques de faire confiance à la CEI (Commission électorale indépendante : ndlr). Elle n’a jamais mal organisé une élection. C’est l’acceptation des résultats qui pose problème.

OK. Que dirais-tu aux personnes qui s’estiment spoliées de leurs terres ?

Il faut se tourner vers la justice. Cela est très important. Et je demande à la justice de faire vraiment son travail, en toute transparence. Les coupables ou leurs complices doivent être punis. Nul n’est au-dessus de la loi. Elle est faite pour tout le monde. Si des gens tapis dans l’ombre sont la cause de tous ces malheurs, ils doivent être arrêtés Donc, je pense qu’il faut porter plainte et laisser la justice faire son travail.

Quant aux autorités ?

Être toujours vigilantes. Quand c’est bon, ce sont elles. Quand ce n’est pas bon, ce sont encore elles. C’est toujours elles qu’on voit. Donc, qu’elles ne vendent pas des terrains, à part les propriétaires eux-mêmes. Il faut qu’on enlève cela de la tête des Ivoiriens. Certes, il y a des propriétaires qui sont très honnêtes, mais il y a aussi des brebis galeuses parmi eux.

Tu me disais que tu dors très tard, c’est un projet musical qui t’occupe autant ?

Oui, je travaille sur mon nouvel album que je viens de boucler. Il va sortir à la fin de ce mois de carême (celui du Ramadan : ndlr). Bientôt, je commence à tourner quelques clips et inch'Allah j’espère faire plaisir à tous mes fans. L’album est en phase d'accouchement, si je peux m’exprimer ainsi. Et je suis sûr qu’à la fin du mois de carême, ça va se passer super bien. Il y a beaucoup de surprises. C’est un album de plus de 20 titres. Aucun reggaeman ne l’a déjà fait. Donc, je veux faire un record Guinness. Il n'y a que des nouvelles chansons, pas de reprises. Je demande à tous mes fans de s’apprêter à l’accueillir. Merci à tous !

Réalisée par François Yéo

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