Le graffiti est défini dans le dictionnaire comme “une inscription ou dessin, de caractère souvent satirique ou caricatural, tracé dans l’Antiquité sur des objets ou des monuments”. De nos jours, il est vu par certains comme une expression artistique et par d’autres comme un acte de vandalisme pour son caractère public. En effet, la particularité du graffiti est d’apparaitre sur des monuments ou lieux publics.
Le graffiti moderne est né aux Etats Unis à la fin des années 70, où de jeunes américains issus des quartiers défavorisés, inscrivaient au marqueur leurs noms sur les murs et sur les métros. Il faut souligné que ce mouvement est apparu pratiquement au même moment que le Hip Hop crée par les DJs du Bronx, si bien que le graffiti est considéré comme un des cinq éléments du Hip Hop. À cette époque, les premiers “graffeurs” marquaient leurs signatures, connues sous le nom de “tag”, sur les endroits les plus insolites afin de rivaliser entre eux, et de mettre en avant leur quartier ou leur groupe. Le développement du graffiti coïncide alors avec la crise de cocaïne de la fin des années 70, une des raisons pour laquelle les autorités percevaient ce mouvement comme un véritable fléau. Les murs, monuments, et métros de la ville étaient recouverts de tags, provoquant l’émerveillement de certains et le désarroi d’autres. Plusieurs jeunes, ont d’ailleurs trouvé la mort, en cherchant l’originalité et en voulant tagger dans des endroits certes inédits, mais très dangereux.
Vers le début des années 80, les autorités ont décidé de criminaliser le graffiti afin de reprendre les villes des mains des taggeurs et de les nettoyer. Une démarche qui n’a pas suffit pas à ralentir le mouvement, repris en Europe et en Amerique du Sud.
Les deux décennies suivantes, la pratique du graffiti a été en constante évolution. Le mouvement s’enrichie de nouvelles techniques et de nouveaux messages. Le graffiti est rapidement devenu un instrument permettant de véhiculer des messages socio-politiques, notamment pendant des moments de crises par exemple, le mur de Berlin, la place Tahrir pendant la Révolution Egyptienne ou encore le mur Israëlo-palestinien.
Le graffiti a ainsi dépassé l’art de rue et s’est reconverti en discipline de d’art à part entière. Aujourd’hui, l’art urbain ou “Street art” est reconnu comme un mouvement artistique contemporain. Il regroupe toutes les formes d’art réalisées dans la rue ou dans les endroits publiques et englobe diverses techniques telles que le graffiti, le pochoir, la mosaïque, les stickers, le yam bombing et les installations. Selon Allan Krapow, un des précurseurs du mouvement, “L’art s’est déplacé de l’objet spécialisé en galerie vers l’environnement urbain réel ». Aujourd’hui le Street art est un mouvement artistique mondial avec des figures comme Blek le rat, Shepard Fairey, Above, Jeff Aerosol ou encore le célèbre Banksy, qui voient leurs oeuvres exposées dans les galeries des plus grands musées de monde.
Rejoignant la culture alternative, l’art urbain est une forme d’individualisme affranchie dans une société industrielle culturelle de masse qui prône l’exubérance et le matérialisme. Il est important de noter que si le graffiti est ouvertement accepté en Occident comme une expression artistique, il est encore inexprimé sur notre continent, du moins en Afrique Subsahérienne. Récemment on a vu l’apparition de tags à Abidjan signés par des graffeurs comme ZIFJ, DEXTER et TEAMR.
Espérons qu’un jour nous assisterons à l’émergence d’un Banksy ivoirien qui nous laissera percevoir le milieu urbain d’un autre œil et d’apprécier des fresques sur les immeubles et murs de notre capitale.
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