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Musique camerounaise : les femmes aux commandes

Le début des années 80 a été marqué par un départ canon du Makossa camerounais. Guy Lobé, Sam Fan Thomas, Moni Bilé et bien d’autres avaient dicté leur loi sur l’échiquier musical continental. Depuis deux décennies, le Cameroun a perdu ce leadership au détriment de la Côte d’Ivoire et son coupé décalé dévastateur. Dans le bouillonnement actuel de la musique africaine dominé par le géant nigérian, des chanteuses Camerounaises semblent avoir sonné la charge de la résistance. Le déboulé de Lady Ponce, Mani Bella et Charlotte Dipanda, donne un souffle certain à la musique camerounaise devenu presque l’apanage exclusif des femmes, en dehors de l’inclassable Richard Bona. Mieux, l’aura de ces trois «Tueuses », sur le continent, dépasse celui de Sally Nyolo, Chantal Ayissi ou de la grande Grace Deca, leurs devancières dans la chanson au féminin du Cameroun.

Lady Ponce

Lady-Ponce

La bête de scène

La première à allumer la mèche de la nouvelle flamme musicale féminine au Cameroun se nomme Lady Ponce. N’ Gono Adèle Rufine est son nom à l’état civil. Trois ans que ses déhanchements suggestifs illuminent les écrans- télés et les scènes d’Afrique. Son choix musical ? Le Bikutsi traditionnel. Chacune des sorties vidéo de Lady Ponce achève de convaincre sur son choix porté sur le Bikuktsi, musique grivoise pratiquée en pays Béti. D’où son choix vestimentaire et ses attitudes quelque peu ‘’provocatrices’’ de Lady Ponce, où sur scène, elle apparait comme une louve enragée. Au Cameroun, les médias s’arrachent la chanteuse souvent au cœur de polémiques les plus enflammées. Star incontestée de ses dernières années, elle contribue à donner un souffle nouveau à la musique du pays du Makossa. Avant de connaitre le succès, Lady Ponce, comme bon nombre chanteuses de sa génération, a bâti son succès au travers de nombreux années de pratique du cabaret. C’est justement dans ce milieu que la chanteuse s’est forgé son look de ‘’bad girl’’ fait de tenues sexy, de longues bottes qui laissent penser aux fétiches des prostituées, en Occident. Cette Lady Ponce a encore une marge de progression incontestable, vu sa jeunesse et sa fougue. La grande danseuse à la silhouette svelte qui a de beaux jours devant elle, a encore du chemin à se faire pour glaner des lauriers au Cameroun.

Mani Bella

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La ‘’Pala Pala Girl’’

Fraichement émoulue dans le giron des chanteuses camerounaises, Mani Bella n’a pas mis du temps à se hisser au rang des noms qui font péter la dynamite sur les scènes d’Afrique. Son maxi-single « Pala Pala Dance » est très rapidement devenu un hit continental. L’année 2014 aura été l’année de Mani Bella, invitée ça et là, pour faire reluire les pistes de danses d africaines. Elle est assurément un espoir certain pour la chanson camerounaise qui ne tient véritablement que par la débauche d’énergie de ses nouvelles créatrices que sont Lady Ponce, Charlotte Dipanda et bien évidemment Mani Bella. Avec sa chanson « Pala Pala Dance » elle a été couronnée, au mois d’Avril 2015 au Burkina, aux Kundé d’Or, dans la catégorie « Meilleure artiste féminin d’Afrique ». Dire que la nièce du chanteur Tonton Ebogo n’est véritablement entrée en studio que cette année 2015 pour enregistrer un album complet. Souvenons-nous aussi de sa participation à Can 2015 où Mani Bella a été choisie pour l’hymne à la compétition panafricaine. Elle a poussé la chansonnette, à l’occasion, pour le titre « Hola Hola » aux côtés de Molare, Singuila, Les Toofan, et bien d’autres. De même que Lady Ponce, Mani Bella a choisi le Bikutsi, la sulfureuse danse Béti. Gageons que le « Kundé» remporté au Burkina lui serve de porte ouverte pour une carrière internationale.

Charlotte Dipanda

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La Tony Braxton africaine

Charlotte Dipanda s’inscrit dans un registre totalement différent de celui de Lady Ponce ou de Mani Bella. Exit chez elle le sulfureux Bikutsi ou très peu. Elle a choisi d’adosser sa musique sur sa belle voix classieuse. Charlotte Dipanda privilégie l’envoutement par ses rythmes édulcorés. Son genre est un peu la version féminine de ce que fait Richard Bona. Eclectique, la musique de Charlotte intègre Bossa-nova, Jazz, R’N’B, Mangambeu et quelques soupçons de Makossa. Chez cette chanteuse est privilégié le trémolo de voix traditionnelles. On aurait dit une autre Sally Nyolo outrageusement aseptisée. Ses premiers pas dans la musique, elle les a faits à la chorale de Mbouda, avant de se lancer, tout comme Lady Ponce, dans l’animation de cabarets de Douala pour peaufiner son art. Celle qui se rêvait en Anita Baker va plutôt se voir affubler du surnom de Tony Braxton, pour son timbre vocal grave. Diva ? Non ! Charlotte Dipanda est une passeuse d’émotion. Car sa musique destinée à ‘’caraméliser’’ les oreilles n’est assurément pas une invite à la danse. La musique de Charlotte Dipanda, s’accordent les spécialistes, est un hymne à la paix. Le dernier concert au mois de Mars 2015, à la Cigale en France a été le prétexte tout trouvé pour elle d’annoncer la couleur de sa démarche artistique : celle d’inoculer des mélodies thérapeutiques. Charlotte Dipanda est pour beaucoup d’observateurs de la scène musicale africaine une pépite d’or en devenir.

Moses Djinko

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