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Meiway : Ses Génies ne parlent plus !

Monsieur Zoblazo, Frédéric Désiré Ehui, alias Meiway, a fait et continue de faire danser plusieurs générations en Côte d’Ivoire et à travers le monde. Promoteur de ce rythme issu du Sud du pays, il a créé un style qu’il décline tout au long de ses 25 années de carrière à ce jour. Toutefois depuis un certain temps, le Génie de Bassam ne fait plus lever haut les mouchoirs comme par le passé.

Meiway : Les Génies ne nous parlent plus !

Fils d’un accordéoniste amateur et d’une choriste de paroisse catholique, petit-fils d’un musicien, Frédéric Désiré Ehui, alias Meiway, était prédestiné à la musique. Et c’est tout naturellement qu’il pousse la chansonnette étant adolescent. A la tête du groupe Les Génito, Meiway connaît la consécration à Podium (concours de jeunes orchestres de la télévision ivoirienne) en 1981. La suite logique est la sortie de son tout premier album “Ayibebou” en 1989, après un séjour hexagonal. Un disque dans lequel il donne les prémices de son style musical : le Zoblazo, un savant brassage de différents folklores du groupe akan les N’Zima, originaire du Sud de la Côte d’Ivoire. Le succès  est immédiat. Meiway revient donc sur sa terre natale en vedette avec son groupe Zo Gang. Des tournées sont entreprises en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Burkina Faso, au Ghana et au Togo, entre autres. Toutes les générations dansent sur ses percussions avec des mouchoirs blancs en main. Ce disque lui vaut la récompense du meilleur chanteur de Côte d’Ivoire en 1990. Dès lors Meiway ne s’arrête plus. L’artiste enflamme même les pistes de danse des autres continents. Il devient l’objet de très nombreuses sollicitations à traves le monde. Poussé par le succès, il s’impose le rythme « infernal » d’un album tous les deux ans. “200 % Zoblazo” en 1991, qui fait de Meiway une superstar. Cette fois, il est une vedette et ses tournées sillonnent l’Europe et le Canada.

La croissance du Zoblazo

“Jamais 203 – 300 % Zoblazo” voit le jour en 1993. A cette époque, Meiway créé son fan club et son propre management. Il contrôle son image. La machine est huilée et fructueuse. Il est de loin, l’artiste le plus en vue de Côte d’Ivoire avec l’icône nationale du reggae Alpha Blondy. En 1995, “Appolo 95 (400 % Zoblazo)” perpétue son succès. Une longue tournée africaine débute en mai 1996, “L’Appolo Tour 96”. Il est en vedette sur de nombreuses scènes à travers le monde. Le 21 juin, il participe même à la Fête de la Musique à Paris, puis il entreprend une tournée américaine en juillet. Tout cela couronné par le prix du meilleur artiste régional lors des premiers Trophées de la musique africaine à Johannesburg en Afrique du Sud. En 1997, ce sont “Les génies vous parlent – 500 % Zoblazo” qui fit un tabac dans le pays avec des milliers de vente. “Hold Up”, lui, paraît en 1998, et permet à Meiway d’être récompensé de trois prix, lors de la cérémonie des Koras 98 du 5 septembre à Sun City, en Afrique du Sud : meilleur artiste de l’Afrique de l’Ouest, meilleur arrangeur, et meilleur vidéo clip. L’”Extraterrestre” met les pieds sur terre en 2000 et célèbre les dix ans de carrière de l’enfant de Bassam.  L’artiste sort fin 2001 un… “700 % Zoblazo” qui occasionnera le 8 janvier 2002 un grand concert au stade de Yopougon, à Abidjan, avec son groupe Zogang International. En 2004 l’homme nous a emmenés sur la montagne “Golgotha” pour le 800 %. Le concert du 5 juillet, à la 3ème édition du Festivoire, à Abidjan, est un triomphe. Meiway est récompensé aux Tamani 2005, trophées remis lors du Festival International de la Musique, au Mali. Il est élu Meilleur artiste de la Côte d’Ivoire. Le “9ème commandement –900 % zoblazo” nous est dicté en 2006. Il donne avec cet album  deux concerts à Lomé au Togo, qui attestent de sa popularité en Afrique de l’Ouest. Sa réputation de showman lui donne l’opportunité de monter sur scène aussi au Québec en 2008, en Irlande l’année suivante. Son dixième album “M20” sort fin 2009. Cette année-là, il est à l’affiche du festival africain de La Haye aux Pays Bas, et à New Castle en Grande-Bretagne. En 2012, le chanteur devient “Professeur” comme pour enseigner son rythme musical. Au fil des années, l’inflation du Zoblazo n’a fait que croître pour atteindre 900 % voire 1000 % Zoblazo avec de prestigieuses collaborations notamment Manu Dibango, Jacob Desvarieux, Koffi Olomidé, Lokoua Kanza, Kodjo Antui, Passi ; pour ne citer que ceux-là. A cette époque, l’artiste enchainait les concerts, en Côte d’Ivoire, au moins une fois dans l’année. Ces shows, qui se déroulaient de préférence dans le mois de décembre, étaient plein à craquer. Une structure d’évènementiel qui a coopté le génie de Kpalèzo  pour des spectacles en 2013 nous a confié que le cachet de l’artiste était de 20 millions FCFA en plus de certains autres avantages.

La perte de vitesse…

Meiway compte aujourd’hui 25 ans de carrière pleine. Mais la vie d’un artiste n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Le génie de Kpalèzo connaît une certaine baisse de régime depuis un bon moment. Les mouchoirs blancs du Zoblazo ne volent plus haut comme par le passé. Pourquoi ? La faute peut-être aux Coupé-Décalé et autres rythmes nigérians qui prennent de l’ascendant sur les autres musiques africaines, depuis un bon moment déjà ? Ou la magie du Zoblazo a-t-elle commencé à s’estomper ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il que le rythme frénétique des parutions de ses albums a pris du plomb dans l’aile. Et pour cause, il y a bientôt quatre ans qu’il n’a pas encore fait sortir un nouvel opus. Et comme un ‘’malheur’’ n’arrive jamais seul, selon un adage populaire, certains de ses collaborateurs et non des moindres ont quitté le navire. Vieux Briscard, le chef d’orchestre, a pris un autre cap en 2002. Le départ du maître à penser du Zogang lui porte un coup. Le professeur Awolowo lui-même confessera : « il est parti avec l’âme de ma musique ». Puis ce fut le tour de N’Tumba Minka, (le bassiste Camerounais), Joseph Kouaho et percussionniste de lâcher l’artiste. Le premier mène désormais une carriere solo. Kouho, lui, a rejoint le groupe Magic System depuis 2003. Qui plus est, les cachets de Meiway aujourd’hui oscillent entre 5 et 10 millions FCFA, toujours selon notre source. Un disc-jockey de la place interrogé sur la fréquence de passage des morceaux de l’artiste dans sa boîte de nuit a déclaré : « Actuellement je ne joue pas souvent du Meiway, c’est rare. Il m’est arrivé de le jouer sur une demande spéciale d’un bon client. Sinon c’est peut-être une ou deux fois dans le mois qu’il passe sur mes platines. Et je crois que c’est pareil au niveau de mes collègues de la capitale. A moins que ce soit un espace dédié à de la musique retro ». Nous même avons fait ce constat, au cours de nos sorties dans les différents pubs et maquis d’Abidjan. A Cocody, Yopougon, Marcory ou Adjamé, où nous sommes passés, aucun mouchoir blanc sur la piste de danse. Les musiques Zouglou, DJ et nigériane sont jouées à profusion jusqu’au petit matin.

Les concerts se font rares

Le Zoblazo n’est pas au mieux de sa forme! Preuve en a été donnée récemment lors du Festival mode, musique et chocolat  au Palais de la culture d’Abidjan, où l’homme était en tête d’affiche. Le chanteur a presté devant un maigre public. Et lui-même d’ironiser : « je vous remercie d’être venus si nombreux ». Fait rare par le passé. Il est aussi loin le temps où l’artiste donnait un peu partout des concerts à guichet fermé. L’autre prestation en date de l’artiste était au gala de célébration des 70 ans du Parti démocratique de Côte d’Ivoire le mois dernier. Et artistement parlant, il n’y avait pas d’enjeu devant des convives acquis à sa cause.  « Il fait de la récupération  musicale depuis un certain temps; il suit la tendance du moment et souvent ça ne prend pas toujours. Cela travestit sa musique. De plus, Meiway n’est pas vraiment une star en Europe. Il n’a jamais fait de grande salle là-bas à lui tout seul ; il est à chaque fois en première partie d’autres célébrités. Il doit retourner à l’authenticité du Zoblazo ou trouver une alternative pour remonter la pente », explique un homme de culture. Par ailleurs, selon un fan de l’artiste, quand on dit Meiway aujourd’hui, on se base sur le Meiway d’hier. C’est dire que le 13ème apôtre surfe sur sa gloire d’antan pour se maintenir. Et le Zoblazo perd un peu de sa superbe et de ses fanatiques. Toutefois, qui connaît le génie de Bassam sait qu’il a le talent et la capacité de redorer le blason de ce pan de la culture musicale de la Côte d’Ivoire qu’est le Zoblazo. Alors  l’artiste, les Ivoiriens et tous tes fans t’attendent pour lever encore plus haut les mouchoirs !

Franck Jorim

Meiway Digest

Consécration à Podium (concours de jeunes orchestres de la télévision ivoirienne) en 1981.

Album Ayibebou en 1989 (tournées en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Burkina Faso, au Ghana et au Togo… ; Meilleur chanteur de Côte d’Ivoire en 1990)

Album “200% Zoblazo” en 1991 (Tournées en Europe et au Canada)

Album “Jamais 203 – 300% Zoblazo”  en 1993 (Création d’un fan club et d’une organisation managériale ; Artiste le plus en vue de Côte d’Ivoire)

Album “Appolo 95 (400% Zoblazo)” en 1995 (longue tournée africaine avec  “L’Appolo Tour 96” ; participation à la Fête de la Musique à Paris, le 21 juin et une tournée américaine en juillet ; prix du meilleur artiste régional lors des premiers Trophées de la musique africaine à Johannesburg en Afrique du Sud)

Album  “Les génies vous parlent – 500% Zoblazo” en 1997 (des milliers de vente)

Album  “Hold Up” en 1998 (Récompenses aux Koras 98 du 5 septembre à Sun City, en Afrique du Sud : meilleur artiste de l’Afrique de l’Ouest, meilleur arrangeur, et meilleur vidéo clip)

Album  “Extraterrestre” en 2000 (célébration des dix ans de carrière de l’enfant de Bassam)

Album  “700% Zoblazo” en 2001 (grand concert au stade de Yopougon, à Abidjan)  “”Golgotha” pour le 800% en 2004 (grand concert du 5 juillet, à la 3ème édition du Festivoire, à Abidjan ; récompensé aux Tamani 2005, trophées remis lors du Festival International de la Musique, au Mali ; Meilleur artiste de la Côte d’Ivoire)

Album “9ème commandement –900% zoblazo” en 2006 (concerts au Togo, au Québec et en Irlande)

Album “M20” en 2009 (tête d’affiche au festival africain de La Haye aux Pays Bas, et à New Castle en Grande-Bretagne)

Album  “Professeur”  en 2012

Prestigieuses collaborations, notamment Manu Dibango, Jacob Desvarieux, Koffi Olomidé, Lokoua Kanza, Kodjo Antui, Passi …)

Au moins un concert à succès  dans l’année

Cachet de plus de 20 millions FCFA et  autres avantages pour l’artiste

 

Meiway ; un grand, malgré tout !

En 2009, Meiway barrait la manchette de Life Magazine. Le magazine consacrait ainsi un dossier paru sur huit pages qui retraçait la carrière, jusque-là flamboyante, de celui qui se fait appeler « Le Génie de Kpalezo ». Dans cet article, une page avait été consacrée aux avis de spécialistes de la musique, des journalistes et certains de ses pairs artistes-chanteurs. Interrogés sur l’œuvre de Meiway, tous avaient été unanimes à reconnaitre son mérite. Ils se sont notamment appesanti sur le choix de sa musique foncièrement ancrée dans la pure tradition Akan-Appolo-N’Zima.

John Jay, John Yalley, le journaliste Rémy Coulibaly avaient salué en des mots choisis, l’enfant de Grand-Bassam. «Meiway pour tout ce qu’il a fait pour la musique moderne ivoirienne mérite une reconnaissance nationale. Pour moi, il est tout simplement un grand. Après l’époque des Ernesto Djédjé, Francois Lougah et autres, il a su insuffler une dynamique à la musique ivoirienne. Pour ma part, Meiway est tout simplement un grand », disait John Yalley.

De Meiway, le grand  Koffi Olomidé ne dit que du bien. Chaque fois qu’il a l’occasion de se prononcer sur la musique ivoirienne, il n’a jamais cessé de dire que le dépositaire du Zoblazo en est le véritable n° 1. « Avant Meiway, il y avait le Reggae. Puis le Zouk Love. Meiway, lui, a amené la musique authentique ivoirienne qu’il a réussie à porter très haut. La Côte d’Ivoire a la chance d’avoir un artiste comme lui. C’est un vrai technicien de la musique que les Ivoiriens devraient chérir et protéger ».

Avec tout ce qui précède, qu’est ce qui coince vraiment chez Meiway, au point de voir sa carrière prendre du recul ?

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