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FEMUA / Ce qui se passe réellement autour de ce festival

Les bons points et les couacs

 

C’est déjà la semaine du FEMUA 2016, du 19 au 24 avril sous le thème : « Jeunesse et développement ». Et voilà maintenant 9 ans qu’a vu le jour, ce premier festival des musiques urbaines à Anoumabo, devenu aujourd’ hui un carrefour incontournable de la musique africaine et internationale. Retour sur ce qui apparaît aujourd’ hui comme une chance pour Anoumabo d’être sous les feux des projecteurs du monde.    

Le Festival des musiques urbaines d’Anoumambo (FEMUA)  est une petite idée qui a germé dans l’esprit d’un fils du village, Salif Traoré dit A’salfo, lead vocal du  groupe Magic System. Pour le concepteur, il fallait, tous les deux ans, réunir ses partenaires pour procurer de la joie et la gaieté aux plus démunis. Mais aussi,  récolter des fonds afin de poser des actes dans le domaine du social en faveur des populations défavorisées. Ainsi, la situation du pays en pleine crise politique et la notoriété du groupe ont facilité les choses. Et c’est en 2008, précisément du 13 au 15 juin de cette année que ce festival a démarré pour la première fois à Anoumabo, village ébrié situé dans la commune de Marcory, dans le District d’Abidjan. Neuf ans aujourd’hui, c’est une vraie équipe qui a grandi avec le FEMUA.

De grosses pointures par édition

Le FEMUA a la particularité de réunir en un seul lieu, de grosses pointures de la musique africaine et mondiale. De quelques artistes essentiellement locaux au départ, l’on est aujourd’hui à une quinzaine d’artistes de dimension internationale en moyenne par édition. Zaho (France), Bracket (Nigéria), Fally Ipupa (RD Congo), Smarty, alpha blondy  Extra Musica, JP M’Piana, Werrason, Oumou Sangaré, Ismaël Lô, Patience Dabany, Kodjo Antwi, Alif Naaba, La Fouine, Sexion d’Assaut, X-Maleya, Magic System, Aïcha Koné, Soum Bill, Yodé & Siro, Les Reines Mères, Les Patrons, Ismaël Isaac, Serges Kassy, Sam Fan Thomas, Meay, Sopprano… pour ne citer que ceux-là. Et pour cette édition, ce sera N’Guess Bon Sens, John Kiffyz, Yabongo Lova, Abou Nidal, Bony Gnahoré…de la Côte d’Ivoire, Papa Wemba du Congo, Elida Almaida du Cap-Vert, Ijahman de la Jamaïque, Charlotte Dipanda du Cameroun, Mandowé du Tchad, Toofan du Togo et bien d’autres qui sont les affiches officielles. Comme à chaque édition, le Femua a été une fois de plus, une belle opportunité pour toutes ces populations qui n’ont pas souvent la chance de s’octroyer un ticket de concert, de venir découvrir ou redécouvrir des artistes internationaux.

Les curiosités

Depuis la première édition en matière artistique, le FEMUA a toujours révélé des talents cachés. Pour ce Femua 2016, c’est une quinzaine d’artistes qui se produisent. Parmi eux, il y a des révélations et des curiosités au nombre desquelles :

Vieux Farka Touré. Surnommé « Vieux » en Europe et outre-Atlantique, il est le fils d’Ali Farka Touré. C’est un chanteur guitariste. Il a été invité à la cérémonie d’ouverture de la coupe mondiale de la FIFA en 2010. Il a également partagé la scène avec d’autres artistes tels que Shakira, Alicia Keys et K’naan. Il relie blues,  culture africaine et américaine, tout en  mêlant  modernité et tradition.

Elida Alméida : C’est la nouvelle pépite du CAP Vert. A seulement 22 ans, la cap-verdienne Elida Almeida vient de remporter le prix RFI Découvertes 2015. Nouvelle recrue du label Lusafrica, qui avait relancé la carrière de Cesaria Evora, elle est entrain de conquérir le continent africain, après un premier tour de chauffe à Maputo, le 4 décembre dernier et aujourd’hui au FEMUA.

Ijahman Levi, Trevor Sutherland alias IJahman ou IJahman Levi, est un chanteur, compositeur et producteur de reggae jamaïcain. IJahman Levi a grandi à Trenchtown, quartier de Kingston. Comme l’ont fait de nombreux autres artistes Jamaïcains de la même génération musicale, tels Bob Marley, Burning Spear, U Roy, Joseph Hill du groupe Culture, Albert Griffiths des Gladiators …Ijahman a toujours su rester maître de son œuvre qui comptabilise aujourd’hui 36 albums. Résidant en Jamaïque, il continue de se produire sur les scènes du monde entier.

Mawndoé : Il est Auteur, compositeur, interprète. En 2003, Mawndoé Célestin quitte le Tchad pour le Burkina à la recherche de son inspiration musicale où il créé le groupe « Yeleen » en s’associant avec Louis Salif  kéita dit Smarty. Le groupe devient très rapidement une référence en Afrique de l’ouest. Au cours de ses escapades musicales, il intègre les styles Afrobeat, Hip hop, R& B, Reggae, Rumba, musique urbaine, Jazz, divers rythmes et sonorités qui, métissées à ses influences tchadiennes.

Le social, toujours au cœur de l’évènement

L’autre aspect du festival et de loin l’essence de ce rassemblement, le social toujours au cœur de l’événement et a pris du volume avec à chaque édition, une action d’envergure. Rénovation de la pouponnière de Yopougon, dons divers à l’orphelinat de Bingerville,  construction de l’école primaire de 6 classes et d’une école maternelle à Anoumabo, pose de la première pierre du futur commissariat de police, construction d’un établissement scolaire de 6 classes dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire (Bangolo),  Elle va s’ouvrir au mois de mai. Au Nord également, une école primaire publique  dénommée ’’Magic System’’ sera  offerte cette année à la ville de Séguéla.

Formations et compétitions

Depuis 2 ans maintenant, le volet scientifique a été au cœur de l’évènement. A travers des ateliers de formations débats organisés pour les jeunes sur divers sujets et des séminaires. L’idée, c’est de faire de ce festival une plate-forme d’échanges entre artistes, hommes de médias, spécialistes de la culture et festivaliers. Et cette année, avec  le thème : ’’Jeunesse et développement’’, ce sera l’occasion de lancer des messages. Mais avant, le ’’Carrefour jeunesse’’ sera mis en place, une plateforme qui permettra d’adresser des messages à la jeunesse et va former les jeunes dans les métiers de l’industrie culturelle et créative, voire aussi dans d’autres secteurs. Des spécialistes viendront  partager leurs expériences avec la jeunesse, les amener à se fixer sur des métiers d’avenir. A côté de cela, il y a aussi le Femua kids. A’salfo est  Ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco, en charge de l’alphabétisation et de la promotion de la culture de la paix. Ce sont deux choses qui vont ensemble. On ne peut pas parler de cohésion sociale, de paix, de vivre ensemble si on ne commence pas par la base. Donc, mettre en place le Femua kids, c’est permettre aux enfants, dès leur bas âge, d’apprendre le ’’vivre ensemble’’ pour créer la cohésion sociale. C’est une innovation, une expérimentation. En outre, il faut noter des compétitions de différents concours sportifs.

Des ratés, il y en a eu

Neuf  ans maintenant, c’est l’âge de la maturité. Et c’est le chiffre aussi qui montre qu’on a atteint un niveau. Magic System a mis le cap sur le plan organisationnel, le plan technique, le plan humain, sur le plan du choix des artistes. C’est une édition à saluer. Le FEMUA a pris une autre dimension. Mais comme il n’y a jamais de perfection ou de réussite à 100%, c’est sûr qu’il y a eu des couacs. Par exemple, au cours de la 8ème édition du FEMUA, d’énormes retards ont marqué le début de nombreux shows. On a également enregistré beaucoup de bousculades qui ont favorisé les vols de téléphones portables et de bagarres généralisées entre des groupes de jeunes gens. Ce qui a amené A’Salfo à monter sur la scène en interrompant le passage de Smarty et de Zaho aussi pour demander au public d’être discipliné. Aussi, les journalistes locaux se sont beaucoup plaints du traitement à eux réservé. Pendant que leurs confrères étrangers étaient dans les bonnes grâces des organisateurs, ils faisaient le parcours du combattant pour ne serait-ce qu’entrer en possession de leurs badges. Mission impossible également pour les journalistes locaux d’avoir accès aux loges des artistes, pendant que leurs confrères étrangers déambulaient de loge en loge. Des choses à réparer absolument. L’espace qui accueille le FEMUA est trop exigüe. Malheureusement, on ne peut pas agrandir ce coin à cause des difficultés que nous avons avec certains riverains. Même si l’évènement est aujourd’hui délocalisé à l’intérieur du pays, il serait intéressant de trouver un endroit plus adéquat pour accueillir les festivaliers dans les alentours d’Anoumabo. Cette situation doit être vite résolue sans attendre qu’un drame se produise.

FEMUA 9, selon Asalf’o

Ouverture du Femua9 (11)« Je dirai que je suis au-delà des objectifs. Mais, il y a quelque chose qui est encore plus édifiant. Nous, dans la vie, nous avons voulu montrer qu’on pouvait mener nos actions en toute indépendance, pour montrer la détermination que nous avons à faire bien les choses. Je suis très heureux aujourd’hui que des partenaires affluent pour nous accompagner sur ces projets. Mais, encore plus heureux de voir que toutes les autorités s’impliquent de sorte à faire du Femua un événement d’envergure nationale, voire internationale. Grâce à la contribution des uns et des autres, secteur public comme secteur privé, le Femua est en train de s’imposer comme l’un des plus grands événements musicaux d’Afrique. C’est cela qui nous encourage à faire plus. Nous sommes contents d’avoir tenu neuf ans. Parce que c’est un peu inédit en Côte d’Ivoire de voir des manifestations tenir sur une longue durée, quand on sait le budget du Femua. Aujourd’hui, nous sommes à la 9ème édition. Il y a un engouement, on prépare activement cette 9ème édition qui est la veillée d’arme de la 10ème édition.»

Par Daniel Ness

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